法語小說閱讀:三個火槍手(61)
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來源:網(wǎng)絡(luò)
2020-12-22 01:18
編輯: 歐風(fēng)網(wǎng)校
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法語小說閱讀:三個火槍手(61)
LE COUVENT DES CARMELITES DE BETHUNE.
貝蒂納的加爾默羅會女修道院
Les grands criminels portent avec eux une espèce de prédestination qui leur fait surmonter tous les obstacles, qui les fait échapper à tous les dangers, jusqu'au moment que la Providence, lassée, a marqué pour l'écueil de leur fortune impie.
Il en était ainsi de Milady : elle passa au travers des croiseurs des deux nations, et arriva à Boulogne sans aucun accident.
En débarquant à Portsmouth, Milady était une Anglaise que les persécutions de la France chassaient de La Rochelle ; débarquée à Boulogne, après deux jours de traversée, elle se fit passer pour une Fran aise que les Anglais inquiétaient à Portsmouth, dans la haine qu'ils avaient con ue contre la France.
Milady avait d'ailleurs le plus efficace des passeports : sa beauté, sa grande mine et la générosité avec laquelle elle répandait les pistoles. Affranchie des formalités d'usage par le sourire affable et les manières galantes d'un vieux gouverneur du port, qui lui baisa la main, elle ne resta à Boulogne que le temps de mettre à la poste une lettre ainsi con ue :
" A Son Eminence Monseigneur le cardinal de Richelieu, en son camp devant La Rochelle.
" Monseigneur, que Votre Eminence se rassure ; Sa Grace le duc de Buckingham ne partira point pour la France.
" Boulogne, 25 au soir.
" MILADY DE ***.
" P.-S. Selon les désirs de Votre Eminence, je me rends au couvent des carmélites de Béthune où j'attendrai ses ordres. "
Effectivement, le même soir, Milady se mit en route ; la nuit la prit : elle s'arrêta et coucha dans une auberge ; puis, le lendemain, à cinq heures du matin, elle partit, et trois heures après, elle entra à Béthune.
Elle se fit indiquer le couvent des carmélites, et y entra aussit t.
La supérieure vint au-devant d'elle ; Milady lui montra l'ordre du cardinal, l'abbesse lui fit donner une chambre et servir à déjeuner.
Tout le passé s'était déjà effacé aux yeux de cette femme, et, le regard fixé vers l'avenir, elle ne voyait que la haute fortune que lui réservait le cardinal, qu'elle avait si heureusement servi, sans que son nom f t mêlé en rien à toute cette sanglante affaire. Les passions toujours nouvelles qui la consumaient donnaient à sa vie l'apparence de ces nuages qui volent dans le ciel, reflétant tant t l'azur, tant t le feu, tant t le noir opaque de la tempête, et qui ne laissent d'autres traces sur la terre que la dévastation et la mort.
Après le déjeuner, l'abbesse vint lui faire sa visite ; il y a peu de distraction au clo tre, et la bonne supérieure avait hate de faire connaissance avec sa nouvelle pensionnaire.
Milady voulait plaire à l'abbesse ; or, c'était chose facile à cette femme si réellement supérieure ; elle essaya d'être aimable : elle fut charmante et séduisit la bonne supérieure par sa conversation si variée et par les graces répandues dans toute sa personne.
L'abbesse, qui était une fille de noblesse, aimait surtout les histoires de cour, qui parviennent si rarement jusqu'aux extrémités du royaume et qui, surtout, ont tant de peine à franchir les murs des couvents, au seuil desquels viennent expirer les bruits du monde.
Milady, au contraire, était fort au courant de toutes les intrigues aristocratiques, au milieu desquelles, depuis cinq ou six ans, elle avait constamment vécu, elle se mit donc à entretenir la bonne abbesse des pratiques mondaines de la cour de France, mêlées aux dévotions outrées du roi, elle lui fit la chronique scandaleuse des seigneurs et des dames de la cour, que l'abbesse connaissait parfaitement de nom, toucha légèrement les amours de la reine et de Buckingham, parlant beaucoup pour qu'on parlat un peu.
Mais l'abbesse se contenta d'écouter et de sourire, le tout sans répondre. Cependant, comme Milady vit que ce genre de récit l'amusait fort, elle continua ; seulement, elle fit tomber la conversation sur le cardinal.
Mais elle était fort embarrassée ; elle ignorait si l'abbesse était royaliste ou cardinaliste : elle se tint dans un milieu prudent ; mais l'abbesse, de son c té, se tint dans une réserve plus prudente encore, se contentant de faire une profonde inclination de tête toutes les fois que la voyageuse pronon ait le nom de Son Eminence.